. Calm Envy .
Ruki, The Invisible Wall [PV].
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Comme un bonbon qui roule sur ma langue, contre mon palais.
« Je t’aime. »
Ça parait commun, banal, un je t’aime.
Mais non, non, non, ça ne l’est pas.
Consonance rassurante, perturbante. Moi ça me frappe, ça me fait sourire, ça me coupe le souffle.
Je reçois plus de caresses que de mots d’amour, c’est ce qui les rend précieux, terriblement précieux.
Je te le dis souvent, très souvent. A tout bout de champs, mes élans d’amour sont nombreux.
« Je t’aime, je t’aime, je t’aime. »
Tu me le prouves bien, tellement bien. Mes mains sur ta nuque, je t’offre mon cou, mon visage, mon corps.
Tu me serres fort, et je ris, je te réclame d’autres câlins, de plus en plus de cajoleries. Tu soupires, mais tu t’exécutes (parfois).
C’est mon devoir de philo à faire, pour les vacances.
Je dois penser le texte de Barthes sur l’amour. Je le lis et je le relis, j’acquiesce, je refuse ce qu’il dit, il ne faut quand même pas que je sois d’accord avec tout ce qu’il pense.
C’est très beau. Alors j’englobe les mots du texte, je les fais fondre dans ma bouche, et je pense à toi, irrémédiablement.
Il est évident que je pense à toi si l’on doit parler du « je t’aime. »
« JE-T-AIME est sans emplois. Ce mot, pas plus que celui d'un enfant, n'est pris sous aucune contrainte sociale ; ce peut être un mot sublime, solennel, léger, ce peut être un mot érotique, pornographique. C'est un mot socialement baladeur.
JE-T-AIME est sans nuances. Il supprime les explications, les aménagements, les degrés, les scrupules. D'une certaine manière - paradoxe exorbitant du langage -, dire JE-T-AIME, c'est faire comme s'il n'y avait aucun théâtre de la parole, et ce mot est toujours VRAI (il n'y a d'autre référent que sa profération : c'est un performatif).
JE-T-AIME est sans ailleurs. C'est un mot de la dyade (maternelle, amoureuse) ; en lui, nulle distance, nulle difformité ne vient cliver le signe ; il n'est métaphore de rien. » - Bartes, donc.
Il n’est métaphore de rien, affirme-t-il. Eh bien, oui.
Moi, quand je dis « je t’aime », je me sens une fois calme, une fois passionnée. Je t’aime avec raison, je t’aime avec passion. Il y a le « je t’aime… » mou du matin, quand j’enroule mes bras autour de toi, que je quémande ton affection. Celui du soir, un soupir, un murmure, presque.
Je t’aime de multiples façons, et c'est une magnifique vérité qui m'aide à me lever, chaque jour.
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Lenore ♥. - © Roman Dirge.