. Fly out to the next world .

24 décembre 2009

Gauche, droite, gauche, droite, gauche...

Je les regarde, l'une après l'autre. Pas de doute, je les aime. Pour pallier le manque d'amour que j'éprouve pour ma famille plus ou moins proche, je me rattrape en les adorant, en les admirant. Mes soeurs. Mes profonds repères dans la vie. Pas les seuls, bien sûr. J'ai les genoux repliés contre ma poitrine, j'attrape parfois mon verre, pour les impressionner. " Je suis une grande, moi aussi. " Je suis fière, elles sont belles, objectivement, la première a retrouvé le goût à la vie depuis qu'elle s'est trouvée un mec, un peu Dr House, très ironique, très artiste, très interrogateur. Je l'aime bien. La deuxième a été belle à partir du lycée. Forte tête, elle était la seule fille à faire du break sur les bords de l'Opéra, j'étais sa petite soeur chérie et pour cause, unique, elle dansait tellement, les hommes sifflaient et j'étais vraiment fière d'être la petite soeur chérie et unique d'une soeur aussi douée. Elles sont douées en art, ça se sent, quand je vois des choses qu'elles ont créé, d'abord il y a la pointe de la jalousie, et puis, doucement, elle s'en va, laisse la place à l'admiration.

Je me fais petite souris, mes yeux sont un métronome. Gauche, droite, gauche, droite. Elles ne sont pas dupes, elles, au moins. Si elles me posent une question, elles ne se laisseront pas faire pas un sourire très niais et très enfantin. " Comment ça va, Morgane ? " Si elles me disent ça, c'est qu'elles ont remarqué que mes yeux sont sombres. Tout n'est pas du au maquillage, ce serait trop facile. Je hausse les épaules, leur lance une mimique contrariée. " Fatigue, cours, tout ça... " Elles me fixent. Elles ne disent rien devant mes parents, mais me coinceront plus tard. Je le sais.

C'est ça, d'entrer dans la cour des grands, d'être admise officiellement comme une fille à qui on peut confier quelques secrets de famille. La cour des grands, hein... C'est drôle, finalement, drôlement triste. Je ne suis pas sûre de vouloir grandir. Mais si ça peut leur inspirer de la fierté, les impressionner, alors autant peser quatre kilos de secrets en plus, et on ajoute un air mature et sûr de soi avec ça, Mademoiselle ?... Ce n'est pas bien grave. C'est juste un peu lourd à porter, parfois. " Tu t'améliores de plus en plus ! C'est vraiment bien ! " Et quand j'entends ça, même si ça ne fait pas autant d'effet que quand c'est l'être aimé qui l'affirme, j'ai des papillons dans le ventre. Le bonheur, avoir des papillons sous la peau, A MOTH UNDER THE SKIN, hé oui. ( Désolée que Gazette soit ma principale référence, c'est comme ça.)

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